Petite pensée et grande émotion pour mes parents défunts qui étaient tous les deux sous le signe de la Balance, avec des similarités troublantes, malgré toutes leurs différences, dans leur personnalité, et certains détails comme la première lettre de leur prénom. Je n’ai jamais connu de véritable deuil, parce que je ne crois pas en la fable de la mort sauf en tant que statut, comme je ne considère le temps que comme une simple convention sans aucune réalité ontologique. Il y a quelques temps mon fils me parlait de Gordon Ramsay et j’en ai profité pour tenter de lui expliquer la réalité de l’idéologie, inévitable, dans l’oeuvre culturelle, qu’elle soit film, émission, chanson, BD, roman, etc. En bref, j’ai tenté de lui démontrer que le raisonnement initial dans les émissions de Ramsay qui le voyait débarquer dans des restaurants en difficulté, et tout résoudre par les arcanes mystiques d’un marketing implacable et une optimisation des process chez les culs-terreux du royaume culinaire, reposait sur un diagnostic pré-établi du problème stigmatisant l’amateurisme non reconnu/avoué des tenanciers. C’est un peu comme en France quand on dit que si tout va mal c’est à cause de toi qui gaspille tout cet argent que tu n’as pas, et que ça va mal se passer si ça peut pas continuer. Dans notre pays, piller et ravager en invitant les gens à se détester et se jalouser pour des pinailleries est devenu une manière de gouverner, et c’est bien le fait d’une société prospère de faire son gras sur celui des autres, même si on en arrive à l’os (généralement tomber sur un os n’est pas très bon signe).
Je ne suis pas très favorable à l’utilisation du terme « gueux » qu’Alexandre Jardin a remis au goût du jour car il y a quelque chose, encore, d’incantatoire. Toujours, quand tu évoques quelque chose, quand tu le nommes, tu le réifies aussi, et il faut se méfier du pas à ne pas faire en passant (ah, cette manie de l’allitération…) de l’allégorie à la dénomination catégorielle. Mais il faut reconnaître que le mot ramène surtout à une féodalité qui induit une injustice systémique validée. En cela nous y sommes, actuellement et pour longtemps, va se dérouler une bataille lente pour fixer les choses, ce vieux monde bien pourri qui survit depuis quelques millénaires. Tant que tu auras des classes moyennes, des riches et des pauvres, des propriétaires et des locataires, nous n’en sortirons pas. Je le déplore et je le constate, je serai mort depuis des siècles avant que nos sociétés humaines évoluent vers plus de grandeur et surtout plus de justice. Reste à voir et à analyser les dégâts de l’abêtissement en cours, sachant que je suis persuadé que la drogue numérique ne peut à long terme palier la nécessité d’un spirituel qui connaît actuellement un regain certain. Quel dommage que je sois si peu ouvert à la chose religieuse, moi qui serai toujours un frère de ce Christ, de cet homme dont je reste convaincu qu’il était absolument contre tous les systèmes et toutes les formes de domination. Quand l’humanité chrétienne aura compris que le premier anarchiste était celui qu’elle adore, peut-être évoluera-t-elle en dehors des gouvernances qui n’auront fait que trahir l’héritage initial.
Impasse, pair et manque, la tragi-comédie politique se poursuit tranquillement. Le plan étant à l’évidence de piller jusqu’au bout du bout, en comptant sur l’apathie généralisée, et si le chaos s’installe de profiter de la crise et de la salvatrice opportunité qui l’accompagnera alors pour remettre de l’ordre, cette valeur républicaine très bourgeoise qui permet de maquiller un ancien monde en nouveau. J’aimerais, mu par une saine et simple curiosité intellectuelle, mettre le nez dans la stratégie sociale qui a été mise au point il y a certainement quelques décennies, quand De Gaulle a cassé sa pipe de grand Français, faisant du bétail une masse sans chef. De la seconde guerre mondiale, il y a certainement été reconnu la grande hypocrisie dont notre glorieux peuple est capable. Une capacité d’adaptation et de déni qui fait qu’il est possible de passer d’un pétainisme outrancier à la Résistance la plus remarquable. Je pense beaucoup, en ce moment, à mon grand père paternel qui n’avait pas été reconnu durant sa vie comme le véritable résistant qu’il avait été, constatant que les honneurs étaient partis ailleurs, dans des opportunités et des réussites d’une autre classe sociale que la sienne. Ironie ou justice très tardive, il sera médaillé deux mois avant sa mort, comme si l’honneur devait se suivre d’une ironique euthanasie. Un souvenir cruel dont je conserve la détestable amertume, alimentant le mépris souverain que j’éprouve pour la caste médicale. Je ne peux m’empêcher de penser que ces lois sur la fin de vie succèdent opportunément aux conséquences des injections récentes, sur lesquelles règnent en France une omerta déconcertante. Certains s’ingénient à dire qu’il y a une volonté de détruire ce pays, une volonté tacite, claire et assez décomplexée pour agir à ciel ouvert, remisant toute contestation dans le tiroir facile du complotisme. Dans le monde qui est le notre, il faut être bien naïf, bien soumis, ou correctement abêti pour ne pas constater que tout est complot à ciel ouvert, car rien n’est plus facile à cacher qu’en étant exposé aux yeux de celui qui ne sait plus rien comprendre et percevoir, de celui qui est alimenté dans sa vanité le faisant scruter son reflet toute la journée en perdant de vue l’autre qui le jouxte et qui restera toujours la source de son possible bonheur. Il faut, première des urgences, réapprendre à vivre ensemble et en finir avec cette compétition permanente qui s’est imposé comme notre mode de vie. Hier, j’ai par hasard discuté avec un couple de retraités qui prennent conscience et comprennent la grosse blague qu’on veut nous faire avaler depuis presque 3 décennies, voire plus. On a évoqué les trois derniers présidents, la farce politique en cours, et j’ai été (heureusement) surpris de constater qu’ils étaient bien plus avertis et sagaces que je l’avais estimé. Surtout, ils avaient conscience qu’on voulait les maintenir dans la peur, stratégie qui s’enlise toujours sur le long terme… simplement parce qu’il n’est pas possible, il n’est pas vivable, de vivre constamment dans l’anxiété. Comme il n’est pas possible de faire avaler des couleuvres politiques comme la nécessité d’un budget qui a été envoyé il y a déjà quelques mois aux vrais décideurs européens. Le PS a donc trahi, avec la grande, l’immense, la fantastique victoire d’une suspension que tout le monde renvoie à l’astérisque qui annule la close. Mélenchon aura eu bien tort de faire son NFP car il aura pour le coup fait preuve d’une certaine mégalomanie… le requin est beau, nerveux et vorace, mais les autres, à défaut de panache sont gonflés d’un vide qui dans le miroir les fait se croire de taille, là où ils ne sont que de vent. Le parti des neunheureux, les suréduqués urbains, les prosélytes du camp du bien auront encore matière à réfléchir sur l’inconsistance politique des prophètes de cette gauche de salon, véritable parti de droite qui adore user de la confusion pour naviguer, même dans un verre d’eau à moitié vide.
Et hier soir, mon fils m’a donc appris la mort de Jackie Berger… J’adorais la voix, le timbre de cette comédienne dont le talent était simplement immense. Quand je pense qu’elle doublait Arnold (dans la série avec Willy), et plus proche de nous, sa prestation sur le Gon d’Hunter X Hunter m’aura laissé sans voix. C’est une sorte d’ironie étrange qu’une aussi belle voix féminine, aussi atypique, aura été utilisée principalement pour imiter le timbre de petits garçons… Je n’ai jamais aimé la série Jeanne et Serge, romance sur fond de sport, mais par contre encore maintenant, je suis charmé par le timbre de Jackie Berger, pour le coup sans artifice. Après Eric Legrand, encore une grande comédienne qui nous quitte et qui nous laisse, heureusement, tant de films, de séries, où la retrouver. J’avance dans le temps, mon temple s’écroule peu à peu, les herbes folles s’immiscent entre les colonnes et des bouts du chapiteau me tombent sur la couenne, mais c’est le jeu ma pauvre Lucette. Au revoir Jackie Berger, merci pour tout, pour tout ce talent magnifique qui aura magnifié tant d’oeuvres souvent dérisoires ou banales, parfois joyaux de la pop culture d’une époque, toujours tu fus une comédienne inspirée et généreuse. Ta voix était particulière, ton timbre avait cette beauté étrange où le grave se mêle harmonieusement avec l’aigu, créant une harmonie subtile et pour mes oreilles une mélodie qui n’a jamais cessé de me charmer.
Je passe beaucoup de temps à regarder des médias dits « alternatifs », j’aurais encore beaucoup à dire sur ces mots qui nous enferment dans des schémas de pensée, dans des prisons de signifiance, et constamment revient l’impuissance, comme si une clé mystérieuse, un graal indistinct, pouvait débloquer la situation, changer les choses. Tous ces journalistes et animateurs rebelles ne comprennent pas que ça ne se passe pas dans les consciences, mais bien au niveau du coeur. Tu peux espérer que ce peuple se réveille pour redevenir révolutionnaire, encore faut-il croire aux fables très pratiques de l’Histoire, tu peux compter sur un instinct de dissidence qui me semble très fantomatique, contrairement à celui de soumission que j’ai toujours constaté chez mes congénères, tu peux finalement rêver de masses unies mettant à bas les quelques uns qui nous écrasent… Tout se passe individuellement, au niveau du coeur, et ceux de notre peuple sont à l’évidence pourris par un égocentrisme sans issue (de secours). Les gens, la foule, les autres, ne sont pas divisés pour des raisons sociales, culturelles, mais bien par faillite morale. Cette faillite morale se réalise par un individualisme con et une propension à s’imaginer et se vouloir seul héros de l’histoire, sans comprendre qu’une société n’est pas le miracle d’un seul mais bien la volonté de tous. Petite pensée pour Bernard Tiphaine, comédien qui aura notamment doublé Chuck Norris et dont j’ai le grand plaisir d’entendre la prosodie et le timbre particulier lorsque j’entame une partie enfiévrée d’Heroes of the Storm, carte du Temple Céleste ; au début de chaque partie, il dit un truc « tuez-vous les uns les autres vu que vous n’êtes capables que de ça ! ». Ben oui, Bernard, et c’est pas du jeu, c’est notre vie en vrai. Si la vie a quelque chose de vrai, ceci dit en passant.
Donc, l’aube n’a pas l’air de vouloir venir, et en plus ça semble s’envenimer pas mal avec la Russie… La farce tragique se poursuit dans l’arène politique, avec autant d’imposteurs qui n’ayant rien à proposer que leur actorat frelaté, ne peuvent rien faire d’autre que de retarder le changement du casting, quitte à expliquer pitoyablement les raisons de leur inertie ou de leur trahison. Des agents du chaos qui renvoient à la signification initiale du terme : la béance, le trou, le vide, qui, pour le coup, se remplit de rien(s). Ces tous petits riens comme le chantait Gainsbourg, qui ne visent et ne songent qu’à une triste perpétuation, sans gloire ni grandeur. Les neunheureux ont pour le coup
